Le département a lancé en Octobre 2021 l’élaboration d’un nouveau schéma directeur cyclable, en remplacement du schéma actuel datant de 2010 et principalement orienté vers le cyclotourisme et les loisirs.
La démarche et les objectifs de ce nouveau schéma directeur sont tout à fait louables. L’ambition est de développer l’usage du vélo pour les déplacements du quotidien (domicile-travail, achats, trajets divers). Le document-cadre de méthodologie se base sur « l’expertise d’usage », proposant de s’appuyer sur l’expérience des usagers pour définir au mieux les futurs aménagements.
La première phase de diagnostic du territoire a été confiée au cabinet VIZEA-les ENR et repose sur une méthode en 3 volets :
Un questionnaire détaillé sur la mobilité, destiné à tou.te.s les habitant.e.s du département
Une carte participative, permettant à chacun.e de localiser ses besoins relatifs à la mobilité
Le choix d’un panel de 50 citoyen.ne.s représentatif.ve.s du territoire et de la population.
Cette démarche participative se double de rencontres avec les collectivités (PETR, EPCI), afin d’évoquer les aménagements et projets.
Pour finir, l’étude est pilotée par un comité d’élu.e.s départementaux de la majorité et de la minorité, dont la réunion de lancement est organisée début Juin 2022.
Nous avons rencontré plusieurs associations et collectifs de cyclistes en amont de l’étude, afin de recueillir leur diagnostic et leurs souhaits. Ces associations d’Orléans, Montargis et Gien, regroupant un ensemble d’usagers aux profils variés, développent une réflexion pointue sur les aménagements souhaitables. Les cibles présentant un fort potentiel de développement de la mobilité à vélo sont pour certaines déjà identifiées : par exemple la base aérienne de Bricy, ou encore la centrale de Dampierre-en-Burly, qui concentrent un nombre élevé d’employés (> 2000), en moyenne relativement jeunes. Pour ces 2 exemples, la desserte actuelle consiste en des routes départementales très fréquentées (par exemple plus de 6000 véhicules/j, dont près de 800 camions, sur la RD955 desservant la base aérienne (1)), la combinaison d’un trafic routier élevé et de la vitesse des véhicules rendant alors la pratique du vélo très dangereuse.
Le diagnostic des associations plaide pour la mise en place d’itinéraires sécurisés, séparés de la voirie, sur les axes routiers où la circulation est la plus intense. Ce réseau d’axes structurants peut se combiner avec des routes secondaires peu empruntées, sur lesquelles le partage de la voirie entre véhicules motorisés et vélos se fait sans danger. Le réseau secondaire ne doit cependant pas constituer l’intégralité du réseau de voies cyclables. En effet, le développement de la pratique du vélo nécessite des parcours aux distances optimisées, donc pour partie le long des RD structurantes. En conséquence, les investissements à réaliser sont importants et doivent être assumés. Les solutions à moindre coût consistant à tracer à la peinture une voie vélo à droite de la chaussée sont tout à fait insatisfaisantes et dangereuses, comme cela a été fait par exemple sur la D702 (ancienne route de Chartres), qui concentre plus de 6000 véhicules/j. Le CEREMA, un établissement public spécialisé dans l’aménagement et le transport, fournit des préconisations claires pour guider le choix d’aménagement cyclable le plus approprié, en fonction des flux de véhicules et de leur vitesse (2).
Les associations pointent, dans les deux métropoles d’Orléans et Montargis, les retards dans la mise en place des plans vélo, malgré des études préalables détaillées et pertinentes (3). Les solutions sont répertoriées ; ne manque que la volonté politique de les mettre en œuvre !
Les échanges conduits avec les associations montrent le rôle essentiel que celles-ci doivent jouer pour élaborer un plan vélo départemental pertinent, non seulement à l’étape du diagnostic mais aussi tout au long de la mise en place. Malheureusement, les choix actuels du département dans l’élaboration du nouveau schéma départemental cyclable laissent de côté les associations. Nous demandons que celles-ci soient associées aux réflexions et instances de décision. Plus largement, l’existence et l’animation de réseaux de cyclistes est une des conditions de la réussite des plans vélos. Il revient donc au département d’encourager la mise en place de telles associations, dans les territoires où elles n’existent pas encore, comme la région de Pithiviers. Un des leviers peut être l’existence d’ateliers participatifs de réparation de cycle (par exemple organisés par l’association 1TerreAction), à encourager et soutenir.
Pour finir, l’autre objectif clairement identifié du schéma départemental cyclable est l’augmentation de la part du vélo dans les déplacements domicile / établissement scolaire des collégiens. Cet objectif est un des leviers principaux de la stratégie bas-carbone élaborée par le département. On peut espérer que les habitudes de mobilité prises dès le plus jeune âge soient durablement ancrées et que les collégiens d’aujourd’hui deviendront les cyclistes adultes de demain. Cet objectif nécessite des aménagements de la voirie pour renforcer la sécurité de ces déplacements. Cependant, les actions à mettre en œuvre vont au-delà des aménagements cyclables ; une culture du vélo est à développer chez les jeunes, en coordination avec les équipes pédagogiques des collèges. Plus largement, les aspects d’apprentissage et de sensibilisation aux avantages aussi bien individuels que collectifs du vélo doivent constituer un volet bien identifié du plan vélo du département, qui ne doit pas se réduire à une somme d’aménagements de la voirie.
Sources :
(1) Trafic RD Loiret :
https://loiret.maps.arcgis.com/apps/MapSeries/index.html?appid=459d35572b0a44ceb0ac0f3e62f799b7
(2) Préconisations du CEREMA : https://www.cerema.fr/fr/actualites/velos-voitures-separation-ou-mixite-cles-choisir
(3) Orléans : Plusieurs documents sont disponibles dans le cadre du plan vélo de la métropole. En particulier :
-Le plan vélo adopté en 2019 :
https://cloud.orleans-metropole.fr/owncloud/s/HteSqcIJ0lyLW2O#pdfviewer
-Cartographie des aménagements à réaliser :
https://mapo.orleans-metropole.fr/portal/apps/webappviewer/index.html?id=3625368b1e7e43acbfa2e8b334856c76
Montargis : Schéma directeur des modes actifs de déplacement pour l’agglomération de Montargis, réalisée par le cabinet d’étude VIZEA et approuvé en Conseil communautaire en date du 14/12/2021. Disponible sur demande à la direction Planification, Aménagement et Développement Durable de l’agglomération Montargoise
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